A Shanghai et Dubaï, on doit bien s’amuser…. Paris vient de perdre une bataille homérique, celle de la Tour Triangle, devenue Tour Infernale pour Anne Hidalgo ! Le feuilleton n’est pas terminé, certes, mais le projet a été rejeté par 83 voix contre 78 au Conseil de Paris. Echec pour la Mairie. Echec de la modernité aussi ! « Le risque, c’est que Paris devienne une ville historique, qui n’a pas de regard sur l’avenir: un musée », déplore l’architecte Jacques Rougerie, qui vient de participer à la rénovation de la piscine Molitor. Au regard de la loi, «ce scrutin est nul, et je demande qu’il soit déféré au contrôle de légalité, et déféré au tribunal administratif », déclare Anne Hidalgo qui demande un deuxième vote au Tribunal. A suivre… Ce rejet de la Tour Triangle signifie-t-il un enterrement durable de tels projets dans la capitale ? Certains y voient une manifestation de la frilosité des parisiens, de l’incurable propension de Paris à jouer les belles endormies, d’autres jugent Triangle victime d’une conjoncture politique défavorable… Personne n’a oublié le désastre architectural de la Tour Montparnasse… En 2010, l’ancien maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, avait fait sauter le plafond de 37 mètres en vigueur depuis 1977 dans la capitale. Il autorisait ainsi la construction d’immeubles de 180 mètres. Quatre ans plus tard, les tours semblent à nouveau indésirables. Hélas… Paris doit vivre, bouger, se transformer ! En France, « on est dans une situation où il faudrait que l’architecture ne se voit pas. Le problème d’une tour, c’est qu’elle doit être fière et se voir », s’emporte l’architecte Jean Nouvel, le père du projet Triangle.
Le spécialiste du Paris haussmannien, Michel Carmona, parle des tours comme d’un « tabou » pour la capitale....! « Paris a admis que son gabarit haussmannien lui convenait bien et souhaite préserver sa cohérence, dit-il. L’unité de son paysage enviée dans le monde entier ». L’Unesco elle-même n’a-t-elle pas encouragé cette prudence ? Sous-directeur général pour la culture, Francesco Bandarin avait exprimé en octobre 2013 un avis négatif sur les projets de tours à Paris, « l’une des rares villes horizontales préservées au monde ». Ces considérations ne doivent pas faire oublier les jeux politiques qui minent le Conseil de Paris. Bon nombre de détracteurs de Triangle ne se disent pas opposés aux tours dans l’absolu -les élus de l’UMP et du centre, l’UDI, y étaient d’ailleurs favorables jusqu’en juillet 2013.
« Une tour Triangle réécrite, avec la volonté d’aboutir, cela changerait la donne », soulignait le président du groupe UDI-Modem, Eric Azière. L’élu de suggérait une évolution de la programmation de la tour et une « redéfinition » de sa relation avec le site du Parc des Expositions de Versailles. Le député-maire UMP du XVe, Philippe Goujon, se disait lui aussi le 26 octobre ouvert à un autre projet. « Je n’étais pas hostile à une tour au départ, il n’y a pas de raison que je m’oppose, par principe, à une autre tour », a-t-il expliqué. Triangle semble donc d’abord victime de la nouvelle donne politique, qui a vu le Parti socialiste et le Parti communiste (favorables à la Tour) perdre la majorité absolue au Conseil de Paris lors des municipales de mars. La jeune candidate de l’UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, fraîchement arrivée dans le jeu parisien, en a profité pour se faire remarquer, et adopter une position en rupture avec celle de son groupe. Rappelant l’aversion des Parisiens pour la tour Montparnasse, construite en 1974, l’ancien ministre deNicolas Sarkozy n’a cessé de clamer son hostilité aux projets de tour « isolée ». Si la députée de l’Essonne a pris ce parti, « c’est parce que j’étais pour et il fallait qu’elle soit contre », lui a répondu la maire de Paris Anne Hidalgo. On se souviendra en tous cas de la formule assassine de Tristan Bernard à propos de la Tour Eiffel : «La plus belle vue de Paris est à son sommet, le seul endroit d’où on ne la voit pas !»
Deux autres tours sont cependant sur les rails : le futur palais de justice de Paris, qui devrait voir le jour en 2017 aux Batignolles (XVIIe), et Duo, deux tours de 175 et 115 mètres - dessinées par Jean Nouvel - pour le quartier Masséna (XIIIe), dont le permis de construire est en cours d’instruction. Faute de majorité, la maire de Paris a annoncé dès son élection qu’elle ne lancerait pas d’autres projets de gratte-ciel avant la fin de sa mandature, en 2020. Ceux-ci devraient en revanche continuer à fleurir de l’autre côté du périphérique, à La Défense et à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)
J’habite dans le XIIIème et je se souhaite vraiment que le projet DUO soit abandonné. Et la Tour Triangle aussi !
Que Jean Nouvel et Anne Hidalgo viennent vivre dans l’une des tours du boulevard Masséna, et on en reparlera…
Et j’ai pourtant voté Hidalgo.