L'art du scandale est tout un art. Poser nue devant la Joconde ? La plus grande star, le plus grand des musées... Le dernier défi de Deborah de Robertis. Elle souhaitait rendre hommage au mythe du regard de la célèbre italienne et la sortir de son mutisme... L'artiste a donc choisi la date anniversaire de la naissance de Léonard de Vinci pour « réactualiser » son chef d’œuvre. 15 avril 2017, la provocatrice luxembourgeoise est à pied d’œuvre. : elle apparaît nue, ou plutôt à demi-nue devant le célèbre tableau du Louvre. Chocking ? C'est une façon pour elle de (re)donner vie à la Joconde. « Depuis plusieurs décennies Mona Lisa fait couler des litres d’encre sans jamais pouvoir bouger le petit doigt ou remuer les lèvres, explique la critique Lola Levent. Des crampes dans les mains et un sourire qui rappelle étrangement le rictus crispé de ceux qui se prennent en photo devant son portrait, elle se tient là. Immobile ».
Deborah De Robertis s'est donc chargée de réveiller l’Icône des Musées... L’artiste exhibitionniste adore les happenings, elle se veut « performeuse » professionnelle : « Montrer son corps nu est une réflexion qui peut avoir une portée politique » lance-t-elle. Et la voilà déshabillée devant l'œuvre sacralisée de Leonard de Vinci. « J’incarne une Mona Lisa qui sort de son silence pour s’imposer créatrice, auteur, propriétaire de ce point de vue. Lorsque je dévoile son sexe, je lève le voile sur son secret : exposer son sexe, c’est pousser un cri. Je permets au modèle de s’affranchir des multiples regards : ceux du spectateur, des visiteurs, photographes, du peintre. » Nue, tout un programme... ! Mais qu’en pensent les touristes amusés, et rassurés : ouf ; ce n’était pas une bombe, juste un attentat à la pudeur ! Le 29 mai 2014, déjà, l’artiste avait exposé son sexe au musée d’Orsay, au-dessous de l’œuvre de Gustave Courbet intitulée L’Origine du monde.
« Voilà que, sur fond de violon, Mona Lisa se lève, gesticule, rampe et pose devant les touristes intrigués ; voilà qu’elle renvoie à la foule son regard insistant, témoigne Lola Levent. Quel est le point de vue de Mona Lisa ? Que racontent ces yeux dont le mystère fait fleurir les interprétations ? » À demi-nue, chantant devant les visiteurs ébahis, elle ne peut réellement se produire que quelques dizaines de secondes... Sa performance est perturbée par l’intervention des vigiles. « Les gardiens ont essayé de m’immobiliser avant que je réussisse à me libérer », raconte Deborah de Robertis, qui affirme avoir finalement réussi à tenir le public en haleine durant deux heures. « L’arrivée des vigiles n’est à chaque fois que le début de la performance, et non la fin » ...
L'effet médiatique est lui, garanti. L'artiste est interpellée, puis relâchée. Le musée du Louvre, intelligemment, n’a pas porté plainte, sans doute pour ne pas alimenter l’art du scandale... La Joconde s’est contentée de sourire.
(Photos : copyright Deborah De Robertis, photographe Guillaume Belvèze)
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