Paris entre 1914 et 1918... La Grande guerre… Que devient la capitale ? On le redécouvre aujourd’hui grâce au travail remarquable de quatre photographes missionnés par un banquier idéaliste, Albert Kahn. Au début du XXe siècle, le financier décide en effet de créer un fonds photographique des villes du monde entier, en utilisant l'un des premiers procédés de restitution des couleurs, l’autochrome. Le fameux « autochrome Lumière », breveté en 1903 par les frères Auguste et Louis Lumière. Pour Paris, quatre photographes sont engagés - Léon Gimpel, Stéphane Passet, Georges Chevalier et Auguste Leon- : ce sont eux qui prendront des clichés entre 1914 et 1918.
Du Marché aux Fleurs de l’Île de la Cité, à l’arrière de la cathédrale Notre Dame de Paris, dans le 4e, vue du Quai de Montebello, jusqu’aux soldats près de la station de métro Auteuil, le 1er Mai 1920, Boulevard Exelmans, ce sont des clichés rares, étonnants. Comme celui de l’exposition de canons pris aux allemands, Place de la Concorde, devant l'Hôtel De La Marine, en 1918.
Regardez aussi la Rue de la Paix toute pavoisée, en 1919, et l'arc de la Porte Saint-Denis vue de la rue du Faubourg Saint Denis Paris 10e, en 1914.
Ou encore l’alignement de péniches, Quai de Bourbon, sur l'île Saint-Louis avec le pont Louis Philippe en fond. Un formidable retour en arrière pour nous donner à voir cette capitale disparue…
Albert Kahn fut un banquier atypique, ami du philosophe Henri Bergson, rencontré lorsqu’ils étaient étudiants. Il se lance dans les actions de mécénat, alimentant un fonds important de bourses de voyages autour du monde pour les étudiants méritants, français et étrangers.
À l’occasion d’un tour du monde qu’il entreprend en 1909, il photographie à tout va, créant l’œuvre de sa vie : « les archives de la planète ». C’est ce qui le pousse, de 1910 à 1931, à envoyer des photographes à travers le monde afin de « saisir la vie ». En sortiront plus de 72 000 autochromes, ancêtres des photos couleur, et 179 km de films.
Ce grand mécène, originaire de Marmoutier, né en Alsace au XIXe siècle, a fait fortune en spéculant sur le marché de l’or et du diamant. Mais il est mort ruiné, victime de la crise de 1929. La banque Albert Kahn est mise en faillite en 1932 et les biens du mécène saisis un à un. Ses jardins et ses collections d’images sont rachetés par le département de la Seine, qui en laisse la jouissance à Albert Kahn. C’est peut-être grâce à cette faillite que le grand public a librement accès à l’œuvre du banquier Il laisse 72 000 photos, ainsi qu’un exceptionnel musée et jardin à Boulogne-Billancourt.
Musée Albert-Kahn 10-14 Rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt