On s'écharpe,on bataille et Paris s'impatiente... ! Du Figaro au Monde, en passant par la Croix et 20 minutes, la polémique fait rage ! Les voies sur berges, rive droite, sont actuellement réservées aux piétons ou vélos sur plus de trois kilomètres au cœur de la capitale. Des élus s’indignent et tentent de faire marche arrière. La région Ile-de-France présidée par Valérie Pécresse s’est réjouie mardi 23 août de l’avis défavorable de la commission d’enquête publique sur la piétonnisation des voies sur berge de la rive droite de la Seine. Elle demande à la Mairie de suspendre le projet.
"Anne Hidalgo ne faiblira pas, assure Le Monde. Plus que jamais décidée à faire de la capitale une ville respirable, la maire de Paris veut aller jusqu’au bout de son projet de rendre piétonnes les voies sur berge de la rive droite, passant outre l’avis (consultatif) défavorable rendu par la commission d’enquête publique. « Les motivations invoquées par la commission d’enquête résonnent comme un déni complet de l’urgence climatique, pourtant actée à Paris par tous les Etats du monde il y a moins d’un an. Elles ne tiennent pas non plus compte des motifs environnementaux, sanitaires, urbains et culturels qui sont pourtant à l’origine de ce projet de piétonisation », a-t-elle fermement dénoncé dans un communiqué publié lundi 22 août.
Dans son rapport, transmis à la Ville le 8 août, mais diffusé discrètement sur son site le 19 août, la commission critique le périmètre de l’enquête publique menée en juin dans les 1er, 4e, 7e et 12earrondissements. Ce périmètre correspond au strict cadre du projet de la Ville qui prévoit de bannir l’accès des voitures à la voie Georges-Pompidou sur un tronçon de 3,3 kilomètres, à partir de l’entrée du tunnel des Tuileries jusqu’au port de l’Arsenal.
Or, les reports de circulation affecteront « de manière significative » un secteur plus large, rejaillissant aussi sur les 5e, 6e et 7e arrondissements, estiment les trois membres de la commission d’enquête, désignés par le tribunal administratif de Paris et présidés par le juge administratif François Amblard. Ces derniers arrondissements « subiront un report de près des trois quarts des véhicules qui ne pourront plus emprunter les voies sur berge ».
« Inclure la banlieue » au projet
« Pour être sincère et permettre d’en apprécier l’intérêt public, l’enquête doit inclure dans son périmètre toutes les zones dans lesquelles ledit projet est susceptible d’entraîner des conséquences positives ou négatives notables », insiste la commission, qui appelle à inclure aussi la banlieue.
« Il y a toujours à court terme des reports de circulation, temporaires et localisés – qui concerneront quasi exclusivement Paris dans ce projet –, avant que les usagers modifient leur comportement et délaissent la voiture pour d’autres modes de déplacement, rétorque Christophe Najdovski, adjoint de la maire aux transports. La commission fait complètement fi de cette réalité. »
La commission affirme cependant ne pas être en mesure, en l’état, de se prononcer « valablement » sur l’intérêt public du projet, expliquant manquer d’informations sur la nature, la provenance et la destination des 43 000 véhicules qui empruntent cette voie tous les jours. Elle estime dès lors ne pas pouvoir se prononcer sur l’amélioration de la qualité de l’air, objectif premier pourtant de la maire.
« A court terme, la mesure va provoquer des embouteillages et augmenter la pollution, reconnaît Franck Laval, président de l’association Ecologie sans frontière. Mais cette décision volontariste va dans le bon sens. Les gens finiront par s’adapter. Nous n’avons plus le temps de tergiverser face à l’enjeu de santé publique. »
La Ville, qui enregistre de nombreux jours de dépassement des seuils de particules fines (PM) et de dioxyde d’azote (NO2), dont la principale cause est le trafic routier, paie un lourd tribut en termes de santé publique : la pollution de l’air est responsable en France de 48 000 décès prématurés, dont 2 500 à Paris et 6 500 dans la métropole du Grand Paris, selon Santé Publique France, l’agence nationale de santé publique. Or, selon une étude d’Airparif versée à l’enquête par la Mairie, le projet générerait, à terme, sur les berges une diminution des concentrations de polluants (NO2, PM, benzène…) supérieure à 23 %. Mais, soulignant la « non-pertinence des hypothèses de calcul retenues et de la zone considérée », la commission demande à la Ville d’élargir et de compléter son étude d’impact.
Se frottant les mains, l’opposition municipale se félicite de voir repris par la commission nombre de ses arguments. « Rien ne montre que ce projet va améliorer la qualité de l’air, bien au contraire, il va l’aggraver avec les reports de circulation », tance Jean-François Legaret, maire du 1er arrondissement et vice-président du groupe Les Républicains au Conseil de Paris. « Nous n’hésiterons pas à aller devant les tribunaux pour plaider un abus de pouvoir si Mme Hidalgo persiste dans sa mauvaise foi », prévient-il.
La région Ile-de-France présidée par Valérie Pécresse (LR) appelle, elle aussi, la Mairie de Paris à surseoir à sa décision. « Nous ne sommes pas en désaccord sur le fond du projet, qui vise à réduire la pollution. Ce n’est pas la fermeture des voies sur berge qui pose problème, mais la méthode, précise toutefois Chantal Jouanno, vice-présidente du conseil régional, chargée de l’écologie et dudéveloppement durable. La région est prête à faire avec Paris les études demandées en prenant en compte l’impact non seulement sur le centre de la capitale, mais aussi sur les arrondissements périphériques et la banlieue. »
« Les gens finiront par s’adapter »
Une préoccupation pleinement partagée par Jacques J. P. Martin, maire (LR) de Nogent-sur-Marne, qui se dit déçu de la position de résistance dans laquelle se camperait la maire de Paris : « Limiter la place de la voiture va dans le bon sens. Mais la maire de Paris ne peut considérer que ce projet n’est qu’une affaire parisienne. Mettons en place un comité de pilotage Paris-Banlieue et étudions ensemble des solutions alternatives (parking relais, bus propres, Autolib', etc.). » Et celui-ci d’assurer : « Si nous nous mettons d’accord sur un plan d’alternatives à développer, nous serions d’accord pour qu’elle commence à engager sa piétonisation à titre expérimental. »
La maire de Paris entendra-t-elle ces appels ? Pour l’heure, bien décidée, « dans le respect du droit », à ne pas suivre l’avis de la commission d’enquête, Anne Hidalgo présentera au prochain Conseil de Paris, le 25 septembre, la délibération visant à valider définitivement le projet. Il reviendra ensuite au préfet de police de Paris d’autoriser par arrêté la fermeture de la voie concernée. La Mairie s’engage, précise-t-elle au Monde, à faire réaliser au bout d’un an, par une commission indépendante, une évaluation des effets sur le trafic et la pollution".
http://www.leparisien.fr/societe/des-maires-de-banlieue-en-colere-12-09-2016-6112921.php
http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/08/23/voies-sur-berge-a-paris-pecresse-demande-a-hidalgo-de-suspendre-le-projet_4986682_3224.html
http://www.la-croix.com/France/A-Paris-la-pietonnisation-des-quais-de-Seine-divise-2016-09-13-1200788573
http://www.40millionsdautomobilistes.com/ajax-reader/nojs/sdp/851