Le Buzz parfait pour lancer la FIAC ! Le Paris de l'art s’est emporté tout le week-end, et ce n’est pas fini. Censure… ? En tous cas, atteinte à la liberté d’exposition. A quelques jours de l’ouverture de la Foire internationale d’art contemporain, il a fallu cacher une œuvre d’art. C’est rare, et préoccupant ! Cela rappelle, en plus viral et radical, la polémique sur les fameuses colonnes de Buren… Cette fois, c’est Tree qui indigne ! Tree, l’œuvre démontée, était pourtant une commande officielle de la FIAC, dans le cadre de son parcours Hors les murs. Tree, un arbre gonflable de près de 25 mètres de haut de l’artiste américain Paul McCarthy. La sculpture ne sera restée que trois jours place Vendôme. «Le temps que l’affaire ne gonfle et se dégonfle, au propre comme au figuré, à une vitesse effarante », note Emmanuelle Jardonnet. Car jeudi l’artiste a été agressé alors qu’il mettait la dernière main à son installation, au cœur de Paris.
Ce jour là, le cône vert déchaîne vite les passions. L’artiste, lui, contemple sa sculpture monumentale posée auprès de la colonne Vendôme. Le voisinage du trophée guerrier de Napoléon, à l’aspect incontestablement phallique, n’avait pas été choisi au hasard : « l’humour féroce et les connotations sexuelles et scatologiques sont partie intégrante du travail de l’artiste de 69 depuis la fin des années 1960. Ainsi, sa sculpture gonflée joue sur la ressemblance entre un innocent arbre de Noël et un « plug anal », gadget sexuel dont on n’aura jamais autant parlé », écrit Emmanuelle Jardonnet. Vers 14 heures, un homme frappé l’artiste au visage en hurlant "qu’il n’est pas français et que son œuvre n’a rien à faire sur cette place", avant de partir en courant, rapporte Le Monde. Le quotidien assure que l’artiste n’a pas été blessé, mais il est choqué et déstabilisé.
L’américain renonce in fine à réinstaller son œuvre polémique. «Suite aux actes de vandalisme à l'encontre de l'oeuvre The Tree de Paul McCarthy, Tree ne pourra pas être réinstallé», indique la Fiac. «Devant la violence de certaines réactions, l'artiste s'inquiète de potentiels débordements lors du remontage de l'œuvre», poursuit la Fiac. Et surtout, Paul McCarthy indique ne pas vouloir «être mêlé à ce type de confrontation et à la violence physique, ou même continuer à faire prendre des risques à cette œuvre». «Au lieu d'engendrer une réflexion profonde autour de l'existence même des objets comme mode d'expression à part entière, notamment dans la pluralité de leur signification, nous avons assisté à de violentes réactions», regrette Paul McCarthy.
C’est le jeudi 16 octobre au matin que Paul McCarthy lance l’érection de son “arbre” synthétique au vert éclatant et à l’esthétique pop sur la célèbre place Vendôme. Dans la rue comme sur les réseaux sociaux, les messages de mécontentement se sont multipliés à l'encontre de cette sculpture assimilée à un sex-toy... Jean-Louis Harouel, professeur de droit à Paris II, parle de «bouffonnerie» et son auteur de «Monsieur qui pollue la place Vendôme».
La directrice artistique de la foire, Jennifer Flay, a souligné que «The Tree» avait «reçu toutes les autorisations nécessaires: de la préfecture de police, de la mairie de Paris et du ministère de la Culture, en lien avec le Comité Vendôme, qui regroupe les commerçants de la place», dont de nombreux bijoutiers de luxe. Mais l'affaire enflammait la toile, avec des milliers de commentaires sous les hashtags #Vendôme ou #PlugGate. Le blogueur Maître Eolas disait être «effaré de voir la quantité de réacs autoproclamés qui savent ce que c'est qu'un plug anal»… Le conseiller de Paris UMP Jérôme Dubus avait évoqué vendredi une "provocation gratuite" et demandé son retrait en tweetant : "'Plug anal' place Vendôme Anne Hidalgo doit faire cesser cette provocation en retirant cette 'oeuvre d'art'.
Le mouvement d’extrême droite Printemps français, mêlant militants identitaires et catholiques traditionalistes, a aussi tweeté, menaçant : "« Un plug anal géant de 24 m de haut vient d’être installé place Vendôme ! Place Vendôme défigurée ! Paris humilié !" Dans la nuit de vendredi à samedi, des inconnus ont débranché l’alimentation électrique de la soufflerie qui maintient l’édifice, puis défait les sangles lorsque l'agent de sécurité est allé la rebrancher. Samedi matin, l’œuvre étant encore en cours de regonflage. Anne Hidalgo, maire de Paris, a très vite indiqué samedi matin que la ville ne cèderait pas «aux menaces de ceux qui, en s'en prenant a un artiste ou a une œuvre, s'en prennent a la liberté artistique.» Bruno Julliard, adjoint à la mairie de Paris chargé à la culture, a fermement condamné cette dégradation. «On dirait que certains soutiendraient volontiers le retour d'une définition officielle de l'art dégénéré», a réagi samedi sur Twitter la ministre de la Culture Fleur Pellerin, dénonçant «une atteinte insupportable à la liberté de création».
L’œuvre qui indigne tant avait pourtant reçu toutes les autorisations nécessaires à son installation, y compris de la part du Comité Vendôme, qui regroupe les très chics commerçants de la place, dont de nombreux bijoutiers de luxe. Anne Hidalgo, maire de Paris, et son adjoint à la culture Bruno Julliard, ont réagi sur les réseaux sociaux à propos de l'incident : « La honte et l'humiliation pour la France, ce n'est pas l'œuvre gonflable éphémère place Vendôme. Ce sont ces imbéciles qui la dégradent ».
"On envoye un signal d'une misère intellectuelle et d'une ignorance crasse, surtout d'une intolérance extrêmement violente. On s'en prend à l'œuvre mais aussi à l'artiste. Jusqu'où va-t-on aller? C'est affligeant", confie à l'AFP le responsable de la collection, installée à Avignon, où la photo "Immersion Piss Christ", de l'Américain Andres Serrano, avait été détruite en avril 2011. "On passe à une étape supérieure", regrette-t-il, alors que l'installation "était une manière de présenter une des plus grandes foires internationales" d'art contemporain, la. "C'était une œuvre qui dure une semaine, quelque chose de très simple."
S’agit-t-il d’un plug anal ou d’un arbre ? L’artiste, adepte des formes ambiguës, ne tranche pas : «Tout est parti d’une plaisanterie, dit-il : à l’origine, je trouvais que le plug anal avait une forme similaire aux sculptures de Brancusi. Après, je me suis rendu compte que cela ressemblait à un arbre de Noël. Mais c’est une œuvre abstraite. Les gens peuvent être offensés s’ils veulent se référer au plug mais, pour moi, c’est plus proche d’une abstraction.»
L’épisode Vendôme laissera des traces.. Est-il clos ? Pour quelques jours, jusqu’à l’ouverture de la “Chocolate Factory”, à la Monnaie de Paris le 25 octobre. Le visiteur sera accueilli par une forêt bigarrée de sex-toys gonflés… Un avertissement des organisateurs souligne que certaines œuvres "peuvent être dérangeantes avec un caractère sexuellement explicite et parfois violent". Sont-elles aussi menacées ? La Fiac ouvre mercredi…
http://abonnes.lemonde.fr/arts/article/2014/10/19/la-tenebreuse-affaire-du-plug-anal-de-la-place-vendome_4508691_1655012.html
http://www.fiac.com/fr/paris