Tati à Barbès, la fin d’un mythe ?

Bannière en vichy rose et blanc… Tati soufflera-t-elle ses 70 bougies ? Paris sans Tati… ? Le temple de l’habillement à bas prix accumule les pertes et est aujourd’hui menacé. Une banque d’affaire a en effet été mandatée pour vendre les 140 boutiques de l’Hexagone. Les comptes de l’enseigne, ouverte en 1948, sont épluchés par six repreneurs. « On nous a annoncé la nouvelle, lâche une vendeuse. C’est vrai que les clients semblent moins nombreux, mais l’offre est tellement importante qu’ils ont le choix d’aller voir ailleurs. Autrefois, Tati était presque seul à pratiquer de très bas prix… C’est fini ».

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Le vaisseau amiral de la marque, à l’angle du boulevard Barbès et du boulevard Rochechouart dans le 18e arrondissement de Paris, pourrait cependant être préservé. Du côté d'Eram, « la priorité, c'est de sauvegarder le maximum d’emplois. Après, l'image du magasin Tati peut, en tant que tel, représenter un atout ». Pour se mettre au diapason de l’évolution du quartier, le magasin avait donné un coup de jeune à ses vitrines, rompu avec les bacs extérieurs débordants d’articles en promotion et réorganisé ses rayons, collant ainsi au nouveau look d’un secteur en pleine « gentrification ». Voilà presque 70 ans que Tati se dresse boulevard Rochechouart, face au métro aérien. Fondé par Jules Ouaki, c’est même devenu l’emblème de ce quartier populaire qui se cherche désormais un nouveau destin.

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Barbes est en pleine mutation.. Avec la renaissance du cinéma le Louxor, rappelle le Parisien, l’installation de la célèbre librairie de la rive gauche Gibert-Joseph, l’ouverture de la brasserie Le Barbès, le carrefour tente de rompre avec ses vendeurs de cigarettes de contrefaçon, et les différents trafics qui lui collent à la peau. Et, même si rien n’est réglé, comme en témoignent les groupes de « sauvette » qui, pour certains, se sont contentés de changer de trottoir, où les marchés aux voleurs et de la misère qui perdurent, la brasserie ne désemplit pas, et le Louxor, qui a surgi de ses cendres après trois années de travaux pharaoniques, commence à se faire une réputation.

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Au milieu de cette grande métamorphose, Tati, qui domine les lieux depuis 1948, a voulu, lui aussi, s’adapter. Pionnier du discount textile, qui a quitté il y a une dizaine d’années le giron de la famille pour celui du groupe Eram, le vaisseau amiral du boulevard Barbès a sérieusement dépoussiéré ses rayons, tout en continuant à pratiquer les prix bas qui ont fait son succès : stands structurés, vitrines dégagées, nouvelles thématiques… La transformation n’a pas suffit. Tati est aujourd’hui victime de son image vieillissante.

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