"C'est dans l'intimité que Mauboussin a inauguré son nouveau siège, élégamment renommé «lieu d'inspiration et de création». Son propriétaire, Dominique Frémont, n'a invité que ses amis, tel Christian Bîmes, président de la Fédération française de tennis jusqu'en 2009. Une façon de se sentir «à la maison», à l'écart des frénésies people du flagship ouvert rue de la Paix. Pour sublimer la beauté de cethôtel particulier 1830, ce collectionneur d'art contemporain montre une quinzaine de toiles d'Augustin-François Guille, dit Archiguille, un de ses peintres préférés, lors d'une installation d'un soir «qui soit à mi-chemin entre un accrochage chez soi et dans une galerie d'art».
Les couleurs de ce grand nom de l'abstraction lyrique claquent sous la verrière et sur les murs, uniformément blancs. Le blanc est d'ailleurs de rigueur, la ligne Courrèges plébiscitée par Nada Frémont,l'épouse de Dominique, comme par Christine Thorailler, commissaire de l'exposition, et le ballet des hôtesses s'inscrivant au diapason. La Baie des anges, aplat de bleu azuréen, réchauffe d'embléel'atmosphère de cette glaciale soirée de décembre. Le Grand bleu s'étoile d'or comme une voie lactée. Un tourbillonnant Manège de 1975 semble entraîner dans sa ronde les moulures XVIIIe d'un boudoir adjacent. L'exposition flashe sur les années 1970, quand l'artiste, né en 1932, exposait auprès de Hartung et de Mathieu au Musée d'art moderne à la demande d'André Malraux. À l'issue d'une visite à son atelier, le ministre des Affaires culturelles concluait: «Il est probablement le plus doué de sa génération.» «Il n'ajamais cessé de se renouveler!, s'enthousiasme Christine Thorailler, ne rentrant dans aucun formatage, multipliant les supports: papier journal, gaze, tissus…» Présent par un grand tirage photographique en noir et blanc qui le montre pinceau à la main, Archiguille garde la prestance du play-boy flambeur, ami deBrigitte Bardot, Françoise Sagan, Claude Lelouch, collectionné, entre autres, par les Pompidou.
Le buffet-homard, raviolis de foie gras aux cèpes, tiramisu et mini-pommes d'amour-, signé Clin d'œil Traiteur, en fait un au tableau Clin d'œil à Klein qui le surmonte. Alain Nemarq, PDG de Mauboussin, les adore! Lui qui cherchait, pour regrouper ses équipes, un hôtel particulier datant des origines de la marque, 1827, ne cache pas sa joie d'avoir déniché «ce bijou, récupéré auprès des Impôts par les Mutuelles du Mans. Qu'il se situe à l'angle des rues Cambacérès et La Boétie, ces deux grands hommes, me procure une vraie volupté!»
Chronique de Marie Christine Lacroix, parue dans Le Figaro, 18/12/2014
http://www.lefigaro.fr/culture/2014/12/18/03004-20141218ARTFIG00314-un-bijou-d-hotel-pour-mauboussin.php
