Pourquoi donc se rendre au Grand Palais en ces belles journées de printemps ? Pour voir la nuque de la Vénus au miroir de Velázquez, et mourir… Admirez cette blancheur diaphane, cette pâleur du dos... Une Vénus prêtée par la National Gallery de Londres et qui est devenue l'un des nus les plus commentés de toute la peinture. Un tableau extraordinaire qui date de plus de trois siècles, l’un des plus beaux de la nouvelle exposition consacrée à Diégo Velázquez, "l'astre du Siècle d'or".
Pour la première fois, 54 toiles du Maître sont réunies au Grand Palais à Paris, ce qui explique les longues files d’attente de visiteurs dès le matin autour du magnifique monument.
Velázquez ou la référence absolue… Vélasquez, grand d'Espagne, Marechal du Grand Palais. Pour Manet il était le plus grands de tous, « le peintre des peintres ». Diego Vélasquez né au XVIe siècle en 1599 à Séville. À 12 ans il entre dans l'atelier d'un peintre, Francisco Patchaco, et il n'a jamais cessé depuis de dessiner et de peindre. « L'art de Velázquez se situe au-delà de la représentation de la vie, écrit l'historien de l'art Elie Faure , puisque c'est « la vie totale dans son frémissement secret et continu ». Il suffit d'observer le Portrait du pape Innocent X, qu'il fit en 1650, lors de son second voyage en Italie : « le regards est intense, l'air circule, le tableaux respire. Rarement un artiste est parvenu à exprimer une telle profondeur psychologique ». «Il comprend si parfaitement qu'il a la suprême beauté de ne jamais crier qu'il a compris », dit Elie Faure. Tous les artistes, de Delacroix à Picasso, Giacometti ou Bacon, l'ont admiré « comme on admire un dieu », s’extasie Olivier Céna de Télérama.
«Sous les pinceaux de Vélasquez les infantes ne sont plus des êtres éteints, des martyrs enfermés dans des robes faite pour étouffer la vie », selon l'historien Elie Faure. Du noir profond surgissent le blanc d'argent et de nacre des gris de perles des caresses cendrées des rouges des roses des bleus doux des mauves ! » Le sévillan nimbe les enfants divins de tendresse, ajoute Anne-Cécile Baudouin. «Quiconque circule entre les portraits de Velázquez finit par avoir son quart d’heure, non pas de célébrité, mais d’autorité - et de difformité, écrit Philippe Lançon dans Libération : il subit ces regards orgueilleux, directs, grotesques, sarcastiques, brutaux, tous venus de loin, d’une cour hispanique au cérémonial bourguignon étouffant, de cette planète où les âmes étaient violemment dirigées et les corps et les expressions, saisies dans d’implacables ourlets de lumière venues aussi bien du ciel que du caniveau, du grand salon que des antichambres.
L’extrême réalisme en art se mêle à l’indispensable goût de la cérémonie. Aucun peintre n’a autant murmuré la disproportion et la mort dans l’éclat d’un pouvoir finissant ». Allez rêver devant la Vénus au miroir, allez vous faire foudroyer du regard par le Pape Innocent X. Pour beaucoup, c’est l’évènement artistique de l’année !
http://www.grandpalais.fr/fr/evenement/velazquez
Du 25/03/2015 au 13/07/2015
Grand Palais 3 Avenue du Général Eisenhower 75008 Paris 13 euros (plein tarif) 9 euros (16-25 ans, demandeurs d’emploi, famille nombreuse) Horaires : 10h-20h, nocturne le mercredi jusqu'à 22h, fermé le mardi
Diego Velazquez, La toilette de Venus, 1647-1651, 123 x 177 cm, Huile sur toile, The National Gallery, © The National Gallery
Diego Velazquez, Balthasar Carlos et son nain, vers 1631, 128 x 102 cm, huile sur toile, Museum of Fine Arts, Boston, © Museum of Fine Arts, Boston
Diego Velazquez, Portrait du pape Innocent X, 1650, 140 x 200, Huile sur toile, Rome, Galleria Doria Pamphilj, © Amministrazione Doria Pamphilj srl